D'une seule voix, le cheval en furie d'un océan de mots



Sans mots. Plus aucun. Je ne suis sans plus aucun mot. Alors que je dois vous parler de ce roman qui en a tant des mots, des puissants, retentissants. Alors que je veux vous parler de ce texte profondément marquant qui transmet avec une telle force une passion de mots. Alors laissons couler les mots du bout des doigts, laissons les être libre et ils trouveront eux-mêmes le chemin de ma pensée, ils seront les libres messagers de mes impressions.

Je ne veux pas trop vous en dévoiler. Bien sûr il suffit de taper le titre du livre dans Google, ou de le retourner une fois que vous l’aurez en votre possession (c’est obligé) pour savoir ce que cela raconte … mais au fond, cela n’en dit pas grand-chose. Un extrait en dit long. Le résumé non. Un extrait montre l’essence du roman. Le résumé non.

 72 pages - 9€

L’entendez-vous cette voix ? Ce début de voix qui hurle à l’Océan cette colère, cet amour, cette rage, ce désespoir ? Arrivez-vous à le percevoir ? Il suffisait d’une page. Une seule page envoûtante, fascinante, pour me donner l’envie irrésistible de me jeter sur ces quelques dizaines de pages. Et je me suis jeté dessus dès que j’en ai eu l’occasion. Ne l’entendez-vous pas ?

« Des textes d’un seul souffle.
Des textes à dire, à partager avec soi et le monde. » - collection D'une seule voix

C’est vrai que ce souffle on l’entend. Et on le sentirait presque là, au creux de notre cou, glisser dans nos oreilles des mots de haine, de regrets … et d’espoir.
C’est vrai que ce texte on veut le partager, le lire, le faire connaître, le hurler, le déclamer, le jeter à l’Océan dans toute sa puissance.
Stéphane Servant relève le pari de cette collection lancée par Jeanne Benameur et Claire David et c’est réussi … ô combien réussi.
Pas de mots, des cris. Pas un souffle, une vie.

Ce sont les mots d’Angela qui est devant cet océan, sur cette plage du Portugal, qui pense à sa grand-mère et parle à cet être pour qui elle a toute cette amertume. Mais la voix d’Angela devient l’écho puissant et infini de l’Océan. Son écume comme des larmes de sel, son rugissement comme le torrent des tourments, sa force comme celle de la rage. La voix d’Angela devient celle de toutes ces femmes blessées, ces femmes d’hier et d’aujourd’hui, ces femmes de demain. La voix d’Angela retranscrit avec beaucoup d’émotion son histoire et ce tsunami de lettres inonde le lecteur pour le laisser, après une petite heure de pure intensité, au bord de l’eau, chamboulé.

Je ne peux pas trouver d’autres mots que ces quelques-là qui ne cherchent qu’à essayer de retranscrire la vague d’émotions qui m’a traversé.
Que voudriez-vous savoir d’autre ?
L’histoire ? Une blessure. Les personnages ? La vie. Le style ? Une voix. La construction ? Un seul souffle saccadé. La fin ? L’espoir.
Après la chaleur d’un sombre, humide et angoissant été dans Le cœur des louves, après ce cri animal, profond et bouleversant, Stéphane Servant revient avec le torrent glacé d’un Cheval Océan en furie, une voix intense, renversante et unique. Véritablement transperçant.

Un peu de musique ?