Les Effacés - Chronique du tome 3 ♥



                J’ose penser que je sais comment vous voyez la série des Effacés, vous, lecteurs qui n’avaient pas lu une ligne de cette saga, ou seulement le premier tome. Vous voyez cela un peu comme CHERUB : il y a les personnages, le fil conducteur de tome en tome, l’identité secrète de Nicolas Mandragore mais chaque tome se différencie des autres par l’opération à mener, par l’univers dans lequel cette opération se déroulera. C’est aussi ce que je me suis dit en commençant la saga. C’est de toute façon ainsi que la communication est faite autour de la série. On la commence naïvement avec cette idée dans la tête et on va de tome en tome, s’attachant de plus en plus aux personnages, découvrant petit à petit toute l’ampleur de l’univers des Effacés dans la société française qui en est le décor et comprenant au fur et à mesure de quoi il est réellement question. Car ce lecteur naïf, que j’ai aussi été, se retrouve finalement confronté à une conclusion qui ne lui avait nullement traversé l’esprit. Tout est lié. Oh oui, tout. C’est avec ce troisième tome que j’ai pris conscience de l’ampleur de la chose. Toutes les intrigues se recoupent, les personnages sont liés, des Effacés aux plus grandes puissances. Voilà sans doute la force de l’opération 3 des Effacés.

                On laissait les personnages sur un évènement renversant, et le lecteur avait été une nouvelle fois scotché par un suspense final que Bertrand Puard se plaît à placer à chaque fin de volume. On met donc peu de temps à se réinsérer dans l’histoire et à ressentir des prémices d’adrénaline.

                Le problème de cette opération 3 pour moi a été l’univers choisi : celui du football. Il y a toujours ce prologue accrocheur, il y a toujours les préparations d’opérations intrigantes, il y a toujours les enquêtes passionnantes, mais j’ai peut-être eu un peu plus de mal à accrocher à cause de ce football, moi qui déteste ce sport (et ce roman confirme mon opinion). Cependant, il passe assez vite au second plan, car on retrouve, comme je viens de le dire, tout le processus d’enquête et d’action des Effacés.

                Ce troisième volume est donc plus que jamais la preuve de l’impressionnante intelligence de Bertrand Puard. La façon dont il construit son roman, accrochant le lecteur de façon exacerbée est digne d’un scénario de film d’action. On sent aussi dans son style de grandes qualités littéraires. Il laisse, il me semble, assez peu de places à l’émotion, comme le veut la façon d’être du groupe des Effacés. Mais il n’en est pas moins doté d’un vocabulaire très riche et ses phrases sont bien tournées, vives, efficaces. Mais plus encore que la façon de narrer l’histoire, comme celle de la construire qui est admirable et témoigne du temps que l’auteur passe à organiser son roman avant de l’écrire en un mois à peine (19 jours pour écrire le cinquième tome), il y a l’étendue incroyable des domaines auxquels touche la série. Bertrand Puard traite avec beaucoup de précision des thèmes qui vont des mathématiques aux sciences, en passant par l’économie et la politique. Cet homme ne cesse de me surprendre par la grande culture dont il fait preuve et la façon qu’il a de la transmettre aisément par ses écrits. On y croit dur comme fer, on se demande jusqu’où la vérité va, on ne sait plus où s’arrête la frontière de la réalité. Il n’y en a sans doute pas. Réalité et fiction se mêlent inextricablement.

                Enfin, à mon plus grand plaisir, Bertrand Puard semble dans ce troisième volume plus se pencher sur les personnages qu’il n’avait pu le faire dans le second tome. On s’éprend de tendresse pour Zacharie, ce géant blond amoureux fou d’Ilsa, on tombe sous le charme de Neil –le casse-cou–, on s’attache à la fragile Mathilde et Emile, bien que ce soit celui que j’aime le moins, sait nous toucher à son tour. Il y aussi bien sûr le mystérieux Mandragore et l’auteur se délecte à continuer à laisse planer le suspense, en en révélant très peu encore une fois, autour du personnage, de son histoire et de la façon dont les Effacés sont liés entre eux, avec Nicolas, le reste des personnages … et la société.

                Le troisième tome confirme donc mon opinion sur la série : un suspense intenable, des révélations livrées au compte-goutte, de l’adrénaline encore et encore, des personnages attachants, un style efficace, une intelligence admirable. Les Effacés est une série addictive et au combien brillante qui ne cessera de me surprendre … et de me passionner, indubitablement.